Mieux apprendre grâce aux cartes mentales ?

Dys, hyperactifs, hauts potentiels… les enfants au profil « atypique » sont souvent en peine avec les méthodes traditionnelles à l’école. Pour les aider, les pédagogues et rééducateurs font appel aux cartes mentales.

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Nées dans les années 1960 sous la plume du psychologue britannique Tony Buzan, les cartes mentales, également appelées cartes heuristiques ou mindmaps, sont des organisateurs graphiques réputés faciliter la mémorisation, la planification et la créativité. Pour de nombreux praticiens, elles constituent également un outil efficace pour soutenir l’apprentissage des enfants « neuroatypiques », dont le fonctionnement cognitif s’écarte de la norme.

Dessine-moi un neurone

Si, au Royaume-Uni, le concept de mindmap a rencontré un succès fulgurant dès les années 1980, ce sont d’autres courants pédagogiques qui ont conduit en France à la popularisation des cartes mentales. Parmi eux, la théorie de la « gestion mentale », développée à la même époque par le pédagogue Antoine de La Garanderie. Les cartes mentales y étaient promues comme un outil adapté aux enfants réceptifs aux supports visuels. Même si les neurosciences ont réfuté l’hypothèse selon laquelle chaque apprenant aurait un profil d’apprentissage spécifique – visuel, auditif, ou kinesthésique –, l’idée que les cartes mentales seraient adaptées au fonctionnement cérébral reste toujours valide pour certains pédagogues. Tony Buzan a formalisé dix règles de construction 1. Grâce à leur structure radiale, les cartes mentales imiteraient la circulation des informations dans le cerveau, ce qui rendrait leur utilisation intuitive. En outre, le recours concomitant à des mots-clés, ainsi qu’à des couleurs et à des pictogrammes, favoriserait la communication entre les hémisphères cérébraux, le gauche étant réputé « verbal et analytique », tandis que le droit serait « visuel et perceptuel ». Deux arguments que réfute vivement Grégoire Borst, professeur de psychologie du développement à l’université de Paris et coauteur d’un livre sur les applications pédagogiques des neurosciences cognitives 2 : « La carte mentale n’est qu’une représentation extrêmement simplifiée d’un réseau neuronal. Elle est loin de traduire la complexité des influx nerveux qui traversent nos 86 milliards de neurones. » Quant à justifier son efficacité par une complémentarité des cerveaux gauche et droit, il s’agirait d’un mythe : « S’il existe une latéralisation partielle des centres du langage dans l’hémisphère gauche, tout stimulus visuel sollicite, quant à lui, la participation des deux hémisphères. »