Nation, identité, religion

Depuis leur essor au XIXe siècle, les idéologies nationalistes se sont organisées autour de deux pôles. D’un côté, un nationalisme « ouvert » construit par le haut, construit à partir d’un État qui cherche à intégrer ses membres d’origines différentes. Le nationalisme américain en est le symbole. Le nationalisme « fermé », quant à lui se définit par des critères « ethniques » : la « race », la langue, la religion. C’est le cas aujourd’hui chez les nationalistes hindous du BJP (Parti du peuple indien).

 

Dans la réalité, nous dit Christophe Jaffrelot (p. 50), cette opposition entre nationalisme « ouvert » et « fermé » n’est pas aussi rigide et les deux formes peuvent coexister.

Les sciences humaines ont tenté de décortiquer la fabrication des idéologies nationalistes : le discours national mobilise des mythes, des symboles, des monuments et des ancêtres ou héros fondateurs. Se fabrique alors un « référent rassurant », explique l’historienne Anne-Marie Thiesse, qui permet au groupe d’affronter les périodes de crise en lui donnant le sentiment de s’inscrire dans une continuité historique. La séparation de l’Église et de l’État, créant le « désenchantement du monde » selon la formule de Max Weber, a probablement favorisé ce besoin de redonner du sens à la communauté – ce qui a mené bien souvent au fanatisme totalitaire (entretien p. 57).