C’est une évidence, presque un lieu commun : les Français consacrent chaque année à leur santé des ressources considérables en temps comme en argent. En référence à toute cette richesse, il est d’usage d’évoquer le « marché de la santé », bien que ce concept économique soit assez flou et pour cause : littéralement, le marché de la santé n’existe pas. D’ailleurs chacun le sait bien, « la santé n’a pas de prix »… Les agents économiques n’achètent ni ne vendent des unités de santé, ne négocient pas leur valeur monétaire selon un étalon de référence standard (par exemple, la santé mesurée en temps, en poids, en énergie, etc.). Cette idée du marché de la santé recouvre donc une autre réalité économique. Pour l’appréhender, il convient tout d’abord de définir ce qu’est, précisément, la santé. La définition la plus communément admise aujourd’hui, selon laquelle « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité 1 » pose trois principales questions de méthode dans la démarche d’évaluation économique.
Évaluer le coût de la santé
La santé résulte d’un grand nombre de déterminants en interaction : individuels (patrimoine génétique, facteurs psychosociaux et comportements), sociologiques (environnement physique, culturel, social, économique) et politiques (système de santé, politiques publiques etc.). Le coût de la santé ne peut donc pas être évalué avec précision. Les économistes ont donc une approche pragmatique, sinon réductrice, pour traiter cette question : le coût de la santé, c’est ce que coûte le système de santé. Celui-ci comprend deux marchés interdépendants et très régulés par l’État : le marché de l’assurance santé, publique ou privée, qui couvre les assurés contre le risque de maladie et garantit ainsi leur solvabilité quand ils doivent acheter des soins ; et le marché des soins de santé.