Barack Obama est entré dans l’histoire par le pouvoir des mots. Quelques grands discours politiques ont réussi à projeter un jeune sénateur noir de Chicago, inconnu en 2004, à la tête de la première puissance du monde. Celui de Boston, lors de la convention démocrate de 2004, en a fait une star nationale. Son discours de Philadelphie, sur la race en Amérique, est déjà légendaire. Celui de Chicago, le soir de l’élection à la présidence, a fait frissonner le monde entier. À chaque fois, il a réussi à marquer les esprits, à enflammer les cœurs, à faire couler des larmes et à émouvoir les plus cyniques et endurcis. Quel est donc son secret ?
Aura et charisme ?
Tout d’abord, il faut se demander si, au-delà des mots, le charisme personnel de B. Obama n’est est pas pour beaucoup dans la séduction. Le personnage a de l’allure. Grand, beau, son élégance naturelle, sa voix grave au rythme si particulier, son sourire rassurant inspirent la confiance. Virginia Sapiro, professeure de science politique à Boston, souligne qu’il « a toujours l’air d’être maître de lui-même. Il est très calme, avec une paix intérieure, ce qui dans une période de crise est très important ». Le charisme du personnage, associé à l’émotion collective de ses rassemblements, pourrait donc expliquer en partie la fascination qu’exerce le personnage. Pour neutraliser ces effets, il faut donc s’asseoir dans un fauteuil, supprimer l’image, le son, l’ambiance collective de ses rassemblements et se contenter de lire ses discours. Manifestement, la magie opère encore, on se surprend à frissonner. Il y a donc bien quelque chose qui tient dans le discours lui-même.