Parler pour mieux coopérer ?

Parmi les signes distinctifs de l’être humain, il y a sa propension à coopérer avec un grand nombre de ses congénères. Et si le développement 
de son cerveau était allé de pair avec celui de sa sociabilité ?

L’homme descend du singe, c’est entendu, mais pas directement : le chimpanzé – notre plus proche cousin dans le règne simien – s’est séparé de notre lignée il y a quelque 7 millions d’années. Entre son ancêtre et nous, plus d’une dizaine de sortes d’homininés ont été identifiées et nommées par les paléontologues : Homo habilis, ergaster, erectus, floresiensis, neanderthalensis… Nous ne sommes plus absolument persuadés qu’il s’agissait de différentes espèces mais, si c’est le cas, pas une seule n’aurait survécu. De nos jours, en tout cas, les chimpanzés constituent une espèce menacée alors qu’Homo sapiens, lui, est partout et s’achemine vers les 8 milliards d’individus. Il y a 10 000 ans encore, nous n’étions que quelques centaines de milliers sur cette planète… Un tel succès a évidemment de quoi étonner, et surtout de quoi entretenir une intense réflexion chez les spécialistes de l’histoire longue de l’humanité : biologistes, paléontologues, préhistoriens, psychologues et autres grands visiteurs de l’évolution.

Entretenir des relations d’amitié

Les compétences humaines semblent a priori assez évidentes : la maîtrise du feu, le langage, la culture, l’intelligence technique, source d’inventions en tous genres, et la pensée symbolique, source de coordination, ont permis à Homo sapiens de démultiplier sa capacité à agir sur le monde et de le modifier à son profit. Mais le remarquer ne suffit pas : encore faut-il être capable de décrire le chemin­ qui mène de l’ancêtre de l’homme à ce qu’il est devenu aujourd’hui, et débrouiller, parmi les facteurs du changement, ceux qui accordent le mieux ce que livrent ses vestiges avec les lois de l’évolution.