• Économie
Au commencement était Joseph Schumpeter. En économie, l’économiste autrichien a le premier montré le rôle de l’innovation dans l’évolution économique. Son livre Théorie de l’évolution économique (1911 revu en 1926), rédigé durant la deuxième révolution industrielle, met en avant le rôle déterminant des innovateurs-entrepreneurs dans l’impulsion des innovations qu’il distingue en plusieurs catégories (innovation de procédé, de produit, d’organisation). Le concept central de « destruction créatrice » vise à montrer que toute création est aussi mortifère, car le neuf élimine l’ancien.
L’approche de J. Schumpeter fut marginalisée pendant un demi-siècle. Alors que dans les années 1940-1950, des auteurs comme Jean Fourastié faisaient du progrès technique la clé de transformation des sociétés modernes, la science économique classique ignorait le phénomène. À partir des années 1950, le progrès technique fut peu à peu introduit comme un facteur de croissance exogène (c’est-à-dire venu de l’extérieur de l’économie) avant que les théories de la nouvelle économie de la croissance en fassent une « variable endogène », c’est-à-dire que le progrès technique est, via les budgets de recherche et développement (R&D), l’apprentissage et le capital humain, intégré au cœur des modèles.
Désormais, l’économie de l’innovation est devenue un domaine très foisonnant.
Pour une vue d’ensemble, le petit livre de Dominique Guellec, Économie de l’innovation (nouv. éd., La Découverte, coll. « Repères », 2009), passe en revue les principaux enjeux : les incitations à innover, les structures de marché, le rôle de la R&D et des dépenses d’investissement (dans le cadre de la microéconomie), les liens entre innovation et croissance et innovation et emploi, le rôle des politiques publiques (dans le cadre de la macroéconomie).
L’approche de J. Schumpeter a été réactivée depuis les années 1990 par les courants de l’économie évolutionniste (Nathalie Larazic, Les Théories économiques évolutionnistes, La Découverte, coll. « Repères », 2010).
Alfred Marshall (1842-1924) a introduit la notion de districts industriels pour souligner la tendance des industries à se concentrer dans certains lieux. La formation des centres stratégiques d’innovation comme la Silicon Valley, l’industrie de l’informatique à Bangalore (Inde), celle de l’aéronautique à Toulouse a conduit géographes et économistes à s’interroger sur la dynamique propre des régions. Cette dynamique peut s’observer dans le cadre des modèles économiques classiques (en termes de droit de propriété, de coût d’information, de structure de marché). Dans cette optique le livre de référence est celui de Dennis Carlton et Jeffrey Perloff, Économie industrielle (2e éd., de Boeck, 2008). L’ouvrage faisant plus de 1 000 pages, on pourra commencer par un aperçu plus rapide avec le Minimanuel d’économie industrielle d’Henri-Louis Védie (Dunod, 2012).