Popper - Science et raison critique

Nous ne pouvons que débusquer l’erreur, jamais démontrer une vérité. Le chantre du rationalisme critique qu’est Karl Popper applique ce principe à la démarche scientifique mais aussi à la réflexion politique.

Dans la Vienne de l’après-Première Guerre mondiale, les théories nouvelles qui se disent scientifiques sont nombreuses. Le jeune Karl Popper s’intéresse particulièrement à la théorie de la relativité d’Albert Einstein, au marxisme, à la psychanalyse freudienne et à la psychologie individuelle d’Alfred Adler. Face à cette floraison, il se demande très tôt s’il existe un critère permettant d’affirmer qu’une théorie est scientifique. Il constate que les théories de Marx, Freud et Adler possèdent un très fort pouvoir explicatif apparent. Elles « semblaient aptes à rendre compte de la quasi-totalité des phénomènes qui se produisaient dans leurs domaines d’attribution respectifs. (…) Partout l’on apercevait des confirmations : l’univers abondait en vérifications de la théorie 1. » Mais il commence à soupçonner que la force explicative apparente de ces théories est peut-être leur point faible. Elles semblent ne jamais pouvoir être mises en défaut, car même devant des cas problématiques, il est toujours possible de faire « coller » la réalité concrète avec la théorie. La théorie de la relativité, encore jeune à l’époque, apparaît très différente. Elle permet de faire des prédictions dont le résultat, s’il s’avérait négatif, renverserait sans discussion la théorie. Ainsi, contrairement aux autres théories étudiées par Popper, la théorie de la relativité présentait le risque d’être infirmée, réfutée par l’observation.

L’épreuve de la réfutation

Popper propose donc de soumettre toute théorie nouvelle à des expérimentations dans le but explicite de la réfuter. Est scientifique une théorie réfutable, c’est-à-dire qui offre prise à des tests permettant de la réfuter éventuellement (de démontrer sa fausseté). N’est pas scientifique une théorie qui n’est pas réfutable (terme préférable en français à « falsifiable »).