Les amours entre humains et animaux ont beau s’étaler dans les mythes et les fables, elles ont été, et restent, parmi les actes sexuels les plus réprouvés qui soient. Au 16e siècle, rappelle Sergio Dalla Bernardina, des bergers et paysans convaincus de sodomie ovine, canine ou chevaline ont été pendus puis brûlés en compagnie de l’animal afin d’éliminer toute trace du crime abominable. On en n’est certes plus là. L’essor actuel des idées favorables à l’émancipation animale peut même présenter des facettes inattendues. En 2005, en Californie, deux employées de laboratoire ont été licenciées pour avoir refusé de se dénuder devant la célèbre gorillesse Koko qui, apparemment, a un penchant pour les seins féminins. Il y a mieux : le philosophe Peter Singer, considéré comme le fondateur de l’antispécisme, tirant les conséquences de sa position, a déclaré en 2003 que la zoophilie pouvait être considérée comme un choix sexuel légitime, et finalement banal. Il n’en fallut pas plus pour que, bravant les interdits, Michael Miok, un citoyen allemand cynophile, fonde la première Fédération des zoophiles du monde (ZETA), qui milite pour que leurs pratiques cessent d’être réprimées et discriminées. Inutile d’ajouter que la cause qu’il défend est loin d’être gagnée. L’évolution des mesures de protection des animaux irait plutôt dans l’autre sens. Ainsi, en 2007, un certain Gérard X. a été jugé et condamné en France pour avoir eu des rapports sexuels avec un poney. Aucun recours n’y a fait : les juges ont maintenu qu’en l’absence de consentement, c’était un sévice sexuel. Et c’est bien là où le bât blesse, si l’on peut dire : à l’heure où la dénonciation du viol entre humains devient de plus en plus ouverte et sa répression sévère, on voit mal comment un animal pourrait être assimilé à un partenaire complaisant. À moins d’estimer que qui ne dit mot consent.