Pour une écologie de l'attention /Attention et vigilance

Pour une écologie de l’attention
, Yves Citton
, Seuil, 2014,
 314 p., 20 €.

Attention
 et vigilance
. À la croisée de 
la phénoménologie et des sciences cognitives
, Nathalie Depraz
, Puf, 2014, 527 p., 30 €.

Faire attention : le chiffon rouge de cette injonction s’agite dans la sphère éditoriale avec la parution de deux ouvrages, celui de la philosophe Nathalie Depraz, professeure à l’université de Rouen, et celui d’Yves Citton, professeur de lettres à l’université de Grenoble. Quelle actualité ? S’interroger sur la faillite de l’attention, sur son éclatement au gré de l’explosion des nouveaux médias, ou sur le fameux trouble de déficit de l’attention (TDA) est au cœur des préoccupations contemporaines. Autant de bonnes raisons de s’emparer du sujet pour des auteurs qui nous invitent à trouver en nous-mêmes les moyens de dépasser la crainte de la « googlisation » des esprits.

Pour Y. Citton comme pour N. Depraz, le problème n’est pas nouveau. Le premier dresse un tableau des travaux en économie et en sciences, la captation de l’attention du client ne datant pas d’hier, même si les recherches en neurosciences fleurissent aujourd’hui. C’est l’occasion, pour l’auteur, de dénoncer la marchandisation de l’attention ainsi que le piège laissant croire que nous sommes toujours libres d’accorder ou non notre attention face à l’avalanche des sollicitations. La seconde, N. Depraz, revient sur l’inscription du sujet dans la tradition philosophique, chez Condillac, Malebranche, Descartes, Husserl, Bergson, Heidegger, Levinas, Ricœur, et dans l’histoire des sciences. Exigeant et salutaire détour pour refonder la compréhension de l’attention sur une expérience phénoménologique ouverte, s’appuyant sur une dynamique en trois points : suspension, redirection de l’attention, lâcher-prise.