La question de la « mort numérique » préoccupe beaucoup les chercheurs spécialisés dans l’Internet. Après notre décès, que deviennent nos comptes, nos pages Facebook, nos fils Twitter ? Avec l’intelligence artificielle (IA), certaines sociétés proposent aujourd’hui de générer des avatars de nos chers disparus, afin que nous puissions continuer à discuter avec eux par-delà la tombe.
Mais certains vont beaucoup plus loin. Et si l’immortalité offerte par le numérique pouvait n’être pas seulement symbolique, mais réelle ? Et s’il était possible de « télécharger » notre conscience sur un ordinateur, afin de continuer notre existence comme entité numérique, que ce soit dans un univers virtuel ou dans un corps de robot particulièrement sophistiqué ? Une idée qui peut paraître délirante au premier abord, mais qui séduit nombre de grosses têtes de l’informatique, de la Silicon Valley et ailleurs.
Pour ceux qui en douteraient, prenons l’exemple d’une de ces pointures. Marvin Minsky, un des principaux créateurs de l’IA. Voici ce qu’il déclarait dans la revue numérique The Edge en 2007 : « La vie éternelle pourra être à notre portée lorsque nous aurons suffisamment compris comment nos connaissances et nos processus mentaux s’incarnent dans notre cerveau. Nous devrions alors être en mesure de reproduire ces informations, puis de les intégrer dans des machines plus robustes. »
Dans le futur, selon les spéculations des spécialistes, il pourrait y avoir trois techniques différentes de téléchargement ou, pour employer le terme anglais consacré, d’« uploading ».
La première est l’option « destructive ». Après le décès, on découpe le cerveau (probablement congelé) en fines lamelles pour pouvoir ensuite reconstituer sa structure, son « connectome » (la façon dont les neurones sont liés ensemble par les synapses), de manière logicielle. Une fois « uploadé », ce cerveau virtuel pourra se voir muni d’un corps tout aussi virtuel dans un « metavers » (monde virtuel), ou être installé à l’intérieur d’un corps robotique. On le voit, la notion d’« uploading » est intrinsèquement liée à celle de « cryonie », le processus consistant à congeler un corps en attendant que la science puisse un jour le ressusciter. En effet, les plus informés des « cryonicistes » se doutent bien que le corps dans son entier se retrouvera bien trop dégradé pour permettre une résurrection littérale. En fait, la plupart espèrent plutôt revivre sous forme numérique. C’est pourquoi beaucoup choisissent de ne faire congeler que leur tête, une option d’ailleurs moins onéreuse. M. Minsky, lui-même, avait annoncé souhaiter être cryogénisé, mais on ne sait pas avec certitude si cela a eu lieu après son décès, la société Alcor, en charge de ce genre de procédé, refusant de confirmer ou infirmer ce type d’information.