Sans nul doute l'analyse la plus stimulante de la démocratie représentative, ses contradictions et ses évolutions. Bernard Manin rappelle ce qui s'imposait alors comme une évidence à la plupart des philosophes, de l'Antiquité jusqu'au xviiie siècle, à savoir : l'élection est par nature aristocratique, le tirage au sort démocratique, dans la mesure où l'une favorise la naissance d'une élite tandis que l'autre donne à tous les citoyens qui le souhaitent une même probabilité de participer à la gestion des affaires publiques. L'élargissement du suffrage électoral et l'abolition des conditions d'éligibilité devaient néanmoins contribuer à une démocratisation du processus électif. Poursuivant son analyse, Manin dégage trois « idéaux-types » de gouvernement représentatif : le parlementarisme (animé par les notables), la « démocratie des partis » (qui apparaît à la fin du xixe siècle avec la création des premiers partis), enfin la « démocratie du public » (caractérisée par le rôle des sondages, des experts en communication, l'image médiatique, etc.) assez proche de ce que d'autres appellent la « démocratie continue » pour caractériser la démocratie actuelle.
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La Bibliothèque idéale des Sciences humaines.
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