En France, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est un statut administratif permettant d’entrer dans le périmètre de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH). Les travailleurs concernés peuvent dès lors prétendre à des mesures de rééquilibrage : quota d’emplois, aménagement des postes de travail… Chacun est libre de faire connaître et d’utiliser ou non cette reconnaissance dans le cadre professionnel. Le sociologue Michaël Segon a analysé les usages de la RQTH, et plus précisément son dévoilement au cours de la recherche d’emploi. Ses observations rendent compte de deux catégories de candidats : l’une est composée de postulants affichant ce statut sur leur curriculum vitae, l’autre de postulants dévoilant celui-ci seulement au cours de l’entretien de recrutement. La visibilité ou non du handicap semble déterminer ce choix. La mention de la RQTH sur le curriculum vitae revêt en outre pour certains candidats une dimension politique : il s’agit d’afficher son statut pour être écarté d’emblée par des entreprises qui, en refusant de recruter un candidat handicapé, sont susceptibles de n’en faire « pas assez » pour cette cause. Celle-ci est dès lors objet de militantisme, ancré dans une histoire associative de mobilisation des personnes en situation de handicap.
Source : Michaël Segon, « Révéler, dévoiler, c’est décidé, je le mets ! Candidater en signalant son statut de “travailleur handicapé” », Formation Emploi, n° 154, 2021/2.