Quatre questions sur la violence

Rapports des ministères de l’Intérieur et de la Justice, enquêtes de sociologues… Les données sur les violences juvéniles ne manquent pas, mais que disent-elles exactement ?

1. De quoi s’agit-il ?

Sur son site Internet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en donne une définition très large : la violence « comprend toute une série d’actes allant de l’intimidation, en ligne ou en personne, à une altercation physique, aux agressions sexuelles et physiques plus graves, à la violence liée aux gangs ou à l’homicide ». La violence peut donc prendre des formes diverses : verbales (injures, menaces) ; en face à face ou à distance, notamment sur les réseaux sociaux en plein essor chez les adolescents ; des coups donnés échangés entre deux personnes ou entre bandes de jeunes ; des vols ; des dégradations de biens personnels ou publics (brûler une école, une voiture). Quand elles se répètent dans le temps, on parle de harcèlement (physique ou verbal), parfois sexuel. Quand ces violences se manifestent sur Internet, il s’agit alors de cyberviolences. Et quand elles dégénèrent, elles peuvent conduire à des crimes comme des homicides ou des viols.

2. Comment la mesure-t-on ?

Il existe trois manières de mesurer la violence chez les jeunes :

Les statistiques des ministères de l’Intérieur et de la Justice décomptent les faits délinquants qui font l’objet d’une plainte déposée devant des autorités judiciaires. Autrement dit, elles ne recensent pas tous les faits de violence, mais seulement ceux répréhensibles par la loi et qui font l’objet d’un dépôt de plainte. Par exemple, si un collégien se bagarre avec un autre élève, il s’agit bien d’un phénomène de violence, mais cette altercation n’ira pas nécessairement jusqu’à un dépôt de plainte. Des alternatives pourront être trouvées entre les parents, les enseignants et les responsables des établissements scolaires. Malgré ces limites, les ministères de l’Intérieur et de la Justice ont mis en place une recension systématique depuis 2016 des faits de délinquance de mineurs.

Les enquêtes sur les violences autodéclarées sont menées à l’initiative de chercheurs ou d’organismes de statistiques comme l’Insee. Certaines ont eu lieu, par exemple, à l’occasion des Journées d’appel de préparation à la défense (JAPD) en 2008. Ces enquêtes présentent l’avantage de recenser de manière plus exhaustive les faits de violence notamment les microviolences (injures, coups isolés…) qui ne sont pas sanctionnables par la loi. Les enquêtes sur les violences autodéclarées sont devenues rares ces dernières années faute de commande publique régulière, ce qui ne permet pas de mesurer l’évolution des violences dans le temps.