L'individu est-il en passe de devenir le sujet de prédilection des sociologues ? Ces derniers se montrent en tout cas intarissables sur la question. Il est vrai que les transformations des sociétés contemporaines, ainsi que l'épuisement progressif des théories sociologiques classiques, leur imposent de réfléchir à la manière dont on peut rendre compte sociologiquement de la singularité des êtres et de l'autonomie croissante qui leur est octroyée. De ce point de vue, la question de l'individu semble également prendre la valeur de défi à l'analyse sociologique, que les chercheurs semblent relever avec un certain intérêt, et les débats sont intenses.
L'un des problèmes qui se posent est que l'approche sociologique de l'individu a souvent été normative. On a longtemps été pessimiste, à l'instar du sociologue Richard Sennett qui, dès 1979, dénonçait Les Tyrannies de l'intimité ou, plus proche de nous, d'un Alain Ehrenberg dessinant un individu « en panne », chez qui l'injonction à être soi entraîne toutes sortes de pathologies.