Trois scénarios en possible communion
Jean-François Mayer, sociologue des religions :
« La coexistence de multiples religions associée aux tendances vers l’individualisation pourrait entraîner de plus en plus de recompositions avec influences mutuelles – à l’échelle individuelle, voire aussi dans des institutions religieuses. Les interactions toujours plus courantes entre religions seront porteuses de transformations : pas nécessairement dans les positions dogmatiques de ces religions, mais dans les attitudes individuelles des croyants. L’alimentation à de multiples sources spirituelles pourrait devenir de plus en plus fréquente, avec une probable croissance (mais jusqu’à quel point ?) de gens se sentant “spirituels sans religion”, sans adhésion au message spécifique promulgué par une institution religieuse. »
La prospective est un art difficile, surtout en matière de religions. À l’heure actuelle, on peut cependant identifier trois grandes dynamiques possibles, qui coexisteront probablement.
Le retour de dieu. Si les inégalités économiques continuent à croître, il est probable qu’elles nourrissent l’essor de groupes religieux dits « charismatiques » : ils se préoccupent des pauvres, des exclus, en les faisant communier autour de symboles sacrés et de la possibilité de miracles susceptibles d’améliorer leur sort. Ces dernières décennies ont vu l’essor de ce type de mouvement : évangéliques chrétiens dans les Amériques, en Afrique australe et en Asie orientale ; prosélytes musulmans en Asie occidentale et en Afrique sahélienne…