Recherche : les sciences humaines face à la réforme

Les sciences humaines et sociales sont entraînées par le même vent de réformes que l'ensemble de la recherche publique française. Même si la question des moyens y est un peu moins aiguë.

Les sciences humaines et sociales figurent rarement au premier rang des enjeux de la recherche scientifique. Et pour cause : la plupart des données chiffrées maintenues à jour par les instances d'observation de la recherche ne prennent pas la peine de les traiter à part. Mais des rapports partiels existent.

On est donc tenté, dans le contexte actuel, de mesurer ce qu'elles représentent, ne serait-ce qu'en volume, en dépenses et en résultats. A condition de se livrer à une petite reconstruction, le bilan est vite fait. Pour ce qui est du budget, en 2004, le ministère de la Recherche prévoyait d'affecter 320 millions d'euros aux sciences sociales, et 352 aux sciences humaines, au titre de l'objectif « avancement général des connaissances ». Total donc, 672 millions d'euros. Rapporté au budget de ce ministère (9,3 milliards d'euros) l'ensemble représente 7,2 % du total, à comparer aux 12,1 % consacrés aux sciences de la vie. Ces chiffres ne tiennent pas compte des autres sources de financements (autres ministères, contrats, fonds européens), mais il faut savoir que les sciences humaines et sociales, recevant très peu de financements privés, dépendent grandement du ministère de l'Education et de la Recherche et, pour leur partie expatriée, du ministère des Affaires étrangères.

Des recherches qui ne coûtent pas cher

Du côté des effectifs, il faut faire la somme des chercheurs et ingénieurs des établissements publics (CNRS, IRD, etc.), soit 5 500, des enseignants et techniciens du supérieur (23 500) plus quelques autres organismes, on parvient au total de 29 000 personnes. Pour faire bonne mesure, il faut diviser par deux le temps de travail des enseignants (21 300), et s'en tenir à 18 300 travaillant à temps plein pour la recherche. Cet effectif est important : en nombre de chercheurs, il représente presque le tiers de l'effectif scientifique français.

Tout cela fait souvent écrire que la recherche en SHS, à défaut d'être visible, ne coûte pas cher. Le fait est qu'elle passe sans trop de remous à travers les crises qui ? comme celle de 2004 ? ont vu les directeurs de laboratoires démissionner par centaines : le mouvement était conduit par des biologistes et des physiciens, et l'est resté jusqu'au bout.