René Spitz Le syndrome de l'hospitalisme

Ses travaux sur les effets du manque d’affection chez les nourrissons abandonnés ont conduit à faire émerger le concept de bientraitance.

Bien que la situation d’enfants élevés en institution ait préoccupé certains précurseurs il y a fort longtemps 1, c’est surtout le psychiatre et psychanalyste René Spitz (1887-1974), au travers de son ouvrage La Première Année de la vie, paru initialement aux États-Unis en 1965, qui a véritablement alerté les professionnels et l’opinion publique sur ce problème.

Quand des enfants meurent de tristesse

Le point de départ vient des observations empiriques qu’il a effectuées auprès de nourrissons abandonnés ou placés, dans une institution dite « pouponnière ». Pendant la seconde partie de leur première année, certains d’entre eux adoptèrent un comportement pleurnicheur, puis de retrait. Ces enfants restaient couchés sur le ventre dans leurs berceaux, détournant la tête et refusant de prendre part à la vie de leur entourage. Ce comportement s’aggrave ensuite, sous forme d’une espèce de rigidité glacée, avec les yeux dépourvus d’expression, comme perdus dans le vague. Tous les enfants atteints de ce syndrome avaient été privés de leur mère pendant trois mois, entre le sixième et le huitième mois. Cette séparation avait été causée par des circonstances administratives extérieures inévitables, alors qu’au préalable la mère s’était occupée entièrement de son enfant. Spitz a qualifié ce syndrome de « dépression anaclitique » due à une « carence affective partielle ».