Les routes de la Soie sont le théâtre d’échanges culturels et économiques entre les différentes civilisations de l’Eurasie. Peut-on y voir les origines
de la mondialisation ?
Tout à fait, je parlerais même d’ancêtre direct de la mondialisation contemporaine. La triade actuelle (Amérique de Nord, Europe, Asie de l’Est) est un élargissement de ces échanges de l’Ancien Monde, auxquels on a intégré les échanges transatlantique et transpacifique. On assiste à un « bouclage » des routes de la Soie qui font désormais le tour du monde en intégrant l’Amérique du Nord.
Comme la mondialisation contemporaine, les anciens échanges des routes de la Soie avaient-ils des côtés plus sombres ?
Bien sûr : derrière la vision un peu enchantée de la circulation des produits de luxe (or, soie, fourrure, etc.), ou des découvertes scientifiques (gouvernail, papier-monnaie, imprimerie…), il faut penser ces temps anciens avec toutes leurs ambivalences. Ce sont des périodes de grande instabilité politique, de guerres permanentes avec des villes et des empires qui naissent, connaissent un âge d’or et disparaissent. L’empire mongol contrôle au xiiie siècle une large part de l’Eurasie, de la Méditerranée au Pacifique, avant de s’effondrer au siècle suivant. Il est justement structuré sur ce réseau de voies. Et toutes ces routes sur lesquelles transitent des produits de luxe attireront brigands, luttes d’influence entre empires et pillages.
(1) Jacques Pirenne, , La Baconnière/Albin Michel, 1959.