Aujourd’hui, près d’un mariage sur deux se solde par un divorce. Sans compter les séparations entre couples non mariés – de plus en plus nombreux – qui passent entre les mailles du filet statistique. Longtemps réprouvé par la morale, bien qu’inscrit dans la loi depuis 1884 en France (avec une courte apparition durant la Révolution française et l’Empire – Napoléon Ier en fut l’un des premiers utilisateurs, en divorçant de Joséphine de Beauharnais en 1809), les procédures se sont sans cesse simplifiées depuis l’instauration de la loi de 1975, instaurant la possibilité du « consentement mutuel ».
Depuis vingt ans, le taux de mariage en France a diminué de 40 %, celui des divorces a augmenté de 100 % (1). On pourrait penser que cette banalisation des ruptures conjugales, visible dans la plupart des pays occidentaux, rendrait les choses plus légères, mieux installées dans la norme. Comment, alors que l’espérance de vie moyenne a dépassé 80 ans, ne pas concevoir que la vie de couple puisse se conjuguer en plusieurs temps, avec des partenaires différents ? Les évolutions sociales depuis les années 1960 devraient avoir fait leur œuvre ! Pourtant, les psychologues placent le divorce parmi les épreuves les plus stressantes de la vie (avec un deuil familial, un licenciement et une maladie grave).
Blessure narcissique, sentiment d’échec, d’abandon, problèmes matériels, liens sociaux à reconstruire… La séparation d’un couple (marié ou non) est rarement vécue sans souffrances, pour celui qui rompt comme pour celui qui subit.
Ce sont, huit fois sur dix, les femmes qui décident d’engager la rupture. Pourquoi une telle asymétrie ? « Même si les rapports entre les sexes ont beaucoup changé au cours de ces cinquante dernières années, les attentes des femmes sont plus concentrées sur la relation conjugale et familiale », explique le psychologue Serge Héfez (2). Les enquêtes sociologiques comme les analyses psychologiques sont nombreuses à le montrer : l’insatisfaction vient pour les femmes davantage de la qualité sentimentale de la relation, alors que les hommes sont plus souvent insatisfaits de la relation sexuelle. Une ou des relations extraconjugales pourront combler ce manque, sans qu’ils envisagent la rupture. Bien au contraire : toujours selon S. Héfez, la relation conjugale est « un socle, un tremplin pour explorer l’extérieur. Pour eux, le couple c’est le repos du guerrier. »