À partir des années 1960, une révolution sexuelle s’empare de l’Occident. Un vent de libération et d’émancipation souffle sur les rapports intimes encore trop souvent associés à la procréation. Les plus jeunes cherchent davantage de plaisir, loin des prescriptions morales : sexe prénuptial, masturbation, fantasmes érotiques, pornographie, homosexualité… L’émancipation des femmes fait aussi partie de ces nouvelles revendications, comme en témoignent notamment les lois autorisant la contraception et l’avortement adoptées par bon nombre de pays occidentaux à cette époque. En France, la loi Neuwirth (1967) ouvre l’accès à la pilule contraceptive et la loi Veil (1974) légalise l’avortement.
Un demi-siècle plus tard, ces aspirations libertaires semblent ne pas s’être vraiment concrétisées, en particulier pour les femmes. L’ordre sexuel demeure empreint de patriarcat, explique l’essayiste Mona Chollet dans Réinventer l’amour. Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles (2021). Publicités, films, livres, séries télévisées… Ces médias, prescripteurs en matière de relations hétérosexuelles, continuent de faire des femmes les « gardiennes du temple » amoureux, conclut l’autrice. C’est à elles qu’incombe le soin d’entretenir la flamme du couple, de s’assurer du bien-être physique et mental du conjoint, d’animer la vie à deux en organisant sorties et autres distractions. Sur le plan intime en particulier, explique-t-elle, « l’injonction à avoir une activité sexuelle vaut pour les hommes et les femmes, mais s’agissant de ces dernières, elle se fait d’autant plus pressante que le contact régulier avec un corps masculin représente une sorte de sanctification. Il est censé être le gage à la fois de statut social et d’équilibre physique. Ce qui n’est pas toujours synonyme de plaisir. »