Shanghai - Le grand bond en avant

En deux siècles, Shanghai est passée du statut de sous-préfecture chinoise à celui de mégapole. Après une industrialisation lourde à l’époque maoïste, le pouvoir a développé la ville comme un pont vers l’économie mondiale.

De l’habitat collectif du temps des concessions aux tours des années 1990, des secteurs industriels du socialisme d’hier aux zones internationales de nouvelles technologies d’aujourd’hui, le contraste des styles illustre bien l’impressionnante mutation de Shanghai ces vingt dernières années. Sous-préfecture chinoise au début du XIXe siècle, elle a débuté son développement avec l’implantation étrangère après les guerres de l’Opium. A l’interface du continent chinois et du système économique mondial, les concessions offrent une liberté de circuler, de commercer et d’entreprendre. Dans les années 1910, la ville devient une métropole industrielle avec l’essor d’une industrie légère de substitution aux importations (textile, agroalimentaire) et la constitution d’une élite économique proprement chinoise. Dans les années 1920-1930, Shanghai se mue en puissant pôle industriel et en centre portuaire, commercial et financier de première importance. La croissance économique, les liens créés en tant que carrefour international, la modernisation des techniques, des modes de vie et des loisirs favorisée par les nombreuses institutions éducatives en langues étrangères transforment profondément la population locale. Une société moderne prend forme. Mais avec l’arrivée au pouvoir du régime communiste en 1949, la ville rompt avec sa vocation internationale et fait l’objet d’une politique d’industrialisation lourde de type soviétique. Le travail des métaux ferreux, la sidérurgie, les industries mécaniques, la chimie dominent progressivement jusqu’à constituer le premier pôle industriel du pays.

Les réformes à partir de 1978 et leur relance dans les années 1990 bouleversent la physionomie de la ville. L’accession au pouvoir central d’hommes favorables à Shanghai comme Jiang Zemin et Zhu Rongji, deux anciens maires, font de la cité le fer de lance de la nouvelle politique économique. Une production industrielle plus adaptée à la demande extérieure et aux besoins intérieurs, la création de zones de développement et la priorité donnée aux nouvelles technologies favorisent l’essor des équipements électroniques, de télécommunications et de transports. Le pouvoir politique privilégie fortement Shanghai à travers la création d’une nouvelle zone de développement économique à Pudong en 1990. La décision de construire le barrage des Trois-Gorges en 1992 doit également aider la municipalité à devenir la « tête du dragon » au sein du bassin du Yangzi. Ainsi se met en place une politique d’ouverture et d’aménagement régional centrée sur Shanghai.