Où l’être humain moderne est-il apparu ? Ces dernières décennies, on défendait trois grandes hypothèses. Selon un premier scénario, dit multirégional, des êtres humains archaïques, type Homo erectus, sont apparus en Afrique, il y a environ deux millions d’années, avant de se répandre au Moyen-Orient, en Asie et en Europe. Avec le temps, ils sont ensuite devenus des humains modernes, autrement dit des Homo sapiens sapiens. L’humanité aurait ainsi eu plusieurs « berceaux ». Selon le deuxième scénario, parfois appelé « Out of Africa », des êtres humains archaïques sont également sortis d’Afrique et se sont répandus dans toutes les régions de l’Ancien Monde, mais ont finalement disparu, remplacés par des sapiens sapiens venus d’Afrique il y a seulement 150 000 ans environ. Enfin, un troisième scénario intermédiaire combine ces deux approches et évoque un brassage des populations.
Pour le paléontologue Chris Stringer, c’est incontestablement le deuxième scénario qui se rapproche le plus de la réalité, si ce n’est que, selon lui, l’être humain moderne – apparu il y a plus de 150 000 ans – a quitté l’Afrique pour partir à la conquête du monde il y a seulement 60 000 ans environ. Dans ce scénario d’une sortie récente d’Afrique, ce continent n’est donc pas seulement le point de départ de l’évolution humaine : il est son foyer principal, au sens où c’est en Afrique que nous serions véritablement devenus les humains que nous sommes. C. Stringer reconnaît qu’il y a eu des métissages entre les humains modernes récemment sortis d’Afrique et les autres populations humaines qui les avaient précédés, mais il attribue à ces brassages un rôle mineur dans la conformation de l'espèce humaine.