Techno : le rythme de la transe

Boum-boum-boum-boum… C’est la techno*, on la reconnaît à ça, et ses amateurs l’assument : l’essence de la musique techno, c’est le RRP*, c’est-à-dire la « répétition régulière de la pulsation », qui permet de danser sans interruption du soir au matin.

« La RRP, écrit le musicologue Emmanuel Grynszpan (1), c’est le dogme. » Et c’est aussi ce que lui reprochent ceux qui ne l’aiment pas, sans oublier deux autres détails : l’abandon de tout message verbal (pas de paroles sur la techno) et le pillage systématique de la musique des autres (la techno n’utilise aujourd’hui aucun instrument de musique, mais des platines, des boîtes à rythmes et des ordinateurs). Comment un genre a priori aussi pauvre a-t-il réussi, au cours des années 1990, non seulement à coloniser les dance floors des boîtes de nuit du monde entier, mais à susciter un mouvement de création musicale, un style vestimentaire, une attitude, et ces immenses rassemblements que sont les tecknivals et autres technoparades ?

La techno est née vers 1985, dans des clubs (comme le Music Institute) et des studios de Detroit, centre de la musique funk et soul aux États-Unis. Inspirés par des musiques pop synthétiques (le groupe Kraftwerk), le funk de Donna Summer et les plages dub* du reggae, Juan Atkins, Derrick May et Kevin Saunderson (groupe Cybotron) produisent des morceaux instrumentaux avec synthétiseurs et boîtes à rythmes qui enthousiasment les clubbers. En 1988, ils enregistrent la première compilation estampillée « techno » (Techno!  The new dance sound of Detroit). Le genre est né et s’exporte dans des clubs londoniens (Hacienda), allemands (Tresor), puis parisiens (Boys).