Tel père, tel fils

Philippe II et Alexandre le Grand, Adrian Goldsworthy, Perrin, 2023, 668 p., 28 €.

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Alexandre le Grand aurait-il accompli tous ses exploits sans l’œuvre de son père ? Cette question est de nouveau débattue dans ce livre passionnant, qui analyse avec brio les raisons de la croissance et de l’affermissement du royaume macédonien au 4e siècle av. J.C. Comme Frédédic II de Prusse bénéficia d’un royaume en ordre et d’une armée préparée par son père qui lui permit de gagner la guerre de Sept Ans, Alexandre sut tirer parti de la belle mécanique dont il hérita précocement, pour cause d’assassinat de son géniteur. Les vétérans et amis de son père le protégèrent et le soutinrent, pour le meilleur et pour le pire. L’armée macédonienne était constituée de citoyens libres, non de mercenaires, attachés à la personne de leur souverain, qu’ils auraient suivi jusqu’en enfer. Philippe montait au front avec eux, partageait leurs souffrances, au point d’être souvent blessé (Bonaparte retiendra cette leçon lors de la campagne d’Italie). Philippe II ne fut pas un simple prédécesseur : il forgea cette armée invincible et inventa une manière de faire la guerre comme on fait tapis au poker. Il entrait en campagne sans argent, comptant sur le butin pour payer ses soldats, ce qui impliquait d’être vainqueur ! Cette médaille avait son revers : de même que le requin ne peut s’arrêter de nager sous peine de mourir, Philippe II était condamné à conquérir de nouveaux territoires ou à piller de nouvelles cités pour assurer son pouvoir. Alexandre hérita cette obligation : jusqu’où serait-il allé si son armée n’avait pas refusé d’avancer et si la mort ne l’avait pas arrêté ? On lui prête même le projet d’envahir les Gaules.