Aujourd’hui encore, des laboratoires et musées conservent des restes humains dont l’étude contribua à élaborer des typologies raciales. Leur restitution soulève peu d’opposition et ils sont remis avec cérémonie aux populations d’origine. La France, par exemple, a rendu les restes de Sawtche Baartman (la Vénus hottentote) à l’Afrique du Sud en 2002, et par la suite des crânes de combattants kanaks et algériens ont été retournés. La cause étant entendue, un médecin légiste, Philippe Charlier, a été nommé en 2018 à la tête du département de la recherche du musée du Quai-Branly. Bien que, depuis longtemps, le retour de certains objets présents dans des musées occidentaux fasse l’objet de demandes répétées (la Grèce réclame les frises du Parthénon au British Museum), c’est sur la lancée de ces restitutions que des peuples premiers puis des États ont exprimé les mêmes exigences à propos de collections provenant de chez eux.
En 2016, le Bénin est le premier pays subsaharien à officiellement formuler une telle demande, tandis que l’économiste sénégalais Felwine Sarr l’exige dans Afrotopia (éd. Philippe Rey, 2016). La même année, Bénédicte Savoy consacre aux spoliations coloniales une leçon inaugurale au Collège de France qu’elle clôt sur une citation d’Achille Mbembe, théoricien postcolonial. À Ouagadougou en 2017, le président Macron déclare souhaiter que « d’ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain ». Le rapport que lui remettent B. Savoy et F. Sarr égrène faits et chiffres et propose un calendrier rapproché (Restituer le patrimoine africain, éd. Philippe Rey/Seuil, 2018). De leur côté, l’Allemagne et des universités britanniques se séparent de quelques objets et le British Museum consent à rendre ses fameux bronzes au Bénin. Selon F. Sarr et B. Savoy, ces objets acquis « par des personnels militaires ou administratifs pendant la période coloniale », ainsi que ceux récupérés lors de « raids de missions scientifiques antérieures à 1960 » relèvent de spoliations, et la restitution aux « propriétaires légitimes doit être rapide ». À charge aux États d’éventuellement les rendre aux communautés ou aux descendants du détenteur initial.