Grande figure canadienne de la sociologie des organisations, Henri Mintzberg définit la méritocratie comme un mode d’organisation spécialement destiné aux entreprises dont le métier nécessite un haut niveau de formation de la part de son personnel. Le management favorise alors l’apprentissage continu, et valorise le dépassement de soi. Évidemment, dans ce cas, les employés obtiennent davantage d’autonomie et de reconnaissance que dans une bureaucratie, tout en attendant de la reconnaissance pour leurs compétences, leur implication et leur performance.
Tout le monde n’apprécie pas ce type de contexte professionnel, et bien des salariés se sentent finalement plus heureux à accomplir un travail bien délimité et constant au sein d’une grande entreprise. Dans la nouvelle génération, en revanche, les salariés attendent souvent plus de leur carrière. Ils n’aiment pas la routine, et entendent explorer d’autres choses. Ils sont conscients de leurs capacités, d’un potentiel qui ne demande qu’à être utilisé. Si les premiers ont l’impression qu’on leur en demande trop, les seconds vont eux-mêmes apprécier plus de responsabilités, de tâches, de défis. Et ceux qui ne bénéficient pas d’une estime de soi positive et stable peuvent chercher la reconnaissance de leur hiérarchie ou de leurs collègues, au détriment de leur équilibre personnel et émotionnel.