Des projets conjoints de développement et d’exploitation en commun des richesses du continent africain ont existé bien avant la création proprement dite de la Communauté européenne en 1957. Aujourd’hui oubliés, puisque non aboutis, ils sont exhumés et examinés dans ce livre par Peo Hansen et Stefan Jonsson. Ainsi on a pu caresser l’idée de construire en commun plusieurs routes joignant l’Europe au Cap, ou encore celle de développer ensemble d’immenses plantations. La Seconde Guerre mondiale a mis fin à ces projets-là, mais pas totalement à l’idée d’une action commune de l’Europe. Dans cette histoire, selon nos auteurs, la France aurait joué un rôle majeur. En apportant ses colonies puis ses ex-colonies à l’Europe naissante, elle espérait peser plus lourd au sein de l’Union, tandis que le Royaume-Uni misait sur son Commonwealth et le Portugal pensait être en mesure de conserver son empire. Face à la puissance américaine, les fondateurs de l’Europe, Jean Monnet, Robert Schuman, Paul Henri Spaak et Konrad Adenauer ont pu rêver d’un développement postcolonial du continent assuré conjointement. Mais, confrontées aux évènements, leurs priorités furent tout autres. L’Eurafrique fut jusque très récemment surtout une histoire de rivalités économiques et de chasses gardées entre États qui, dans le cas du Portugal et de la France en Guinée-Bissau, sont allés jusqu’à l’affrontement armé en 1998. L’intervention des accords de Lomé, signés en 1975 entre la CEE et quarante-six pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, n’y change pas grand-chose.