Dans les Recherches en ethnométhodologie (1967), Harold Garfinkel relate une expérience qu’il a menée avec ses étudiants. Il leur demandait, au cours de leurs discussions ordinaires avec leurs proches, et sans que ces derniers soient avertis du but de la manœuvre, « d’insister pour que la personne clarifie le sens de ses remarques banales ». Résultat : très vite, les proches s’énervent, ne comprenant pas l’attitude de leur interlocuteur, comme le montrent ces deux exemples :
Exemple n° 1
(Sujet) : « Hé, Ray. Comment va ta copine ? »
(Expérimentateur) : « Qu’est-ce que tu veux dire par “comment elle va” ? Tu veux dire physiquement ou mentalement ?
— Qu’est-ce que je veux dire par “comment elle va” ? Mais qu’est-ce qui t’arrive ? (Il paraissait irrité).
— Rien du tout, simplement que tu expliques un peu plus clairement ce que tu veux dire.
— Ça suffit. Comment s’est passé ton examen à l’école de médecine ?
— Qu’est-ce que tu veux dire par “comment ça s’est passé” ?
— Tu sais ce que je veux dire.
— Non, pas vraiment.
— Mais qu’est-ce qu’il te prend ? Tu es devenu fou ? »
Exemple n° 2
Mon ami me dit : « Dépêche-toi, nous allons être en retard ! » Je lui demandai ce qu’il voulait dire par « être en retard » et de quel point de vue il y faisait référence. Il eut un regard complètement perplexe et cynique. « Pourquoi me poses-tu des questions aussi stupides ? Bien sûr que je n’ai pas besoin d’expliquer ce que je viens de dire. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi aujourd’hui ? Pourquoi devrais-je expliciter ce que je viens de dire ? Tout le monde comprend ce que je dis et tu ne devrais pas faire exception ! »
Selon H. Garfinkel, ce type d’expérience dévoile l’importance des routines, des « propriétés d’arrière-plans des scènes de la vie quotidienne » qui sont « vues sans qu’on y prête attention ». Parmi celles-ci, figure « l’anticipation que les gens vont comprendre ; le lien des expressions à des circonstances ; le caractère spécifiquement vague de références ». L’absence de ces routines déstabilise profondément les personnes, qui tentent immédiatement de rétablir un « ordre logique » dans l’interaction
Exemple n° 1
(Sujet) : « Hé, Ray. Comment va ta copine ? »
(Expérimentateur) : « Qu’est-ce que tu veux dire par “comment elle va” ? Tu veux dire physiquement ou mentalement ?
— Qu’est-ce que je veux dire par “comment elle va” ? Mais qu’est-ce qui t’arrive ? (Il paraissait irrité).
— Rien du tout, simplement que tu expliques un peu plus clairement ce que tu veux dire.
— Ça suffit. Comment s’est passé ton examen à l’école de médecine ?
— Qu’est-ce que tu veux dire par “comment ça s’est passé” ?
— Tu sais ce que je veux dire.
— Non, pas vraiment.
— Mais qu’est-ce qu’il te prend ? Tu es devenu fou ? »
Exemple n° 2
Mon ami me dit : « Dépêche-toi, nous allons être en retard ! » Je lui demandai ce qu’il voulait dire par « être en retard » et de quel point de vue il y faisait référence. Il eut un regard complètement perplexe et cynique. « Pourquoi me poses-tu des questions aussi stupides ? Bien sûr que je n’ai pas besoin d’expliquer ce que je viens de dire. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi aujourd’hui ? Pourquoi devrais-je expliciter ce que je viens de dire ? Tout le monde comprend ce que je dis et tu ne devrais pas faire exception ! »
Selon H. Garfinkel, ce type d’expérience dévoile l’importance des routines, des « propriétés d’arrière-plans des scènes de la vie quotidienne » qui sont « vues sans qu’on y prête attention ». Parmi celles-ci, figure « l’anticipation que les gens vont comprendre ; le lien des expressions à des circonstances ; le caractère spécifiquement vague de références ». L’absence de ces routines déstabilise profondément les personnes, qui tentent immédiatement de rétablir un « ordre logique » dans l’interaction