Pour décrire le processus qui permet de « survivre aux coups de l'existence », Boris Cyrulnik, psychiatre et éthologue, s'appuie sur des études comportementales et utilise le concept, très populaire aux Etats-Unis, de « résilience ». Armé d'un optimisme contagieux, en dépit d'une enfance meurtrie par le nazisme, l'auteur nous explique comment avec « des bouts de laine biologiques, affectifs, psychologiques et sociaux, nous passons notre vie à nous tricoter ». A travers l'itinéraire d'éclopés de l'enfance (une jeune esclave soumise à la tyrannie de ses maîtres, les enfants du Mozambique témoins du massacre de leurs proches...), Cyrulnik évoque ces « ressorts » de la vie qui permettent la construction d'une histoire heureuse. Le récit, l'humour, l'altruisme sont autant de réponses libératrices et constructives aux fracas de l'existence. Aussi riches soient-elles, ces ressources individuelles restent toutefois soumises à l'environnement : si la bienveillance d'une tante, d'une institutrice ou d'un ami s'avère parfois salutaire, la froideur d'une institution d'accueil peut être dévastatrice... L'auteur reste fidèle à la pensée freudienne et à la théorie de l'attachement énoncée par John Bolbwy à la fin des années 50, qui considèrent l'empreinte affective parentale comme un déterminant essentiel de l'avenir de l'enfant. Mais c'est la société, par son regard culpabilisateur à l'endroit du bonheur, qui fait ici figure d'accusée... Un merveilleux malheur est le premier ouvrage d'une trilogie consacrée à ces « survivants que notre culture considère comme suspects ».
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La Bibliothèque idéale des Sciences humaines.
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