«L'enfant a besoin de récits» Entretien avec Boris Cyrulnik

Pour se construire et donner un sens à leur vie, les enfants se nourrissent d’histoires qui leur permettent d’affronter les épreuves, voire de surmonter les traumatismes.

Au fil de ses nombreux ouvrages où se mêlent analyses psychologiques et récits de vie, de ses conférences où le public se bouscule, Boris Cyrulnik n’a cessé de sonder l’âme humaine et, particulièrement, la manière dont la personnalité se construit dès les premiers jours de la vie.

Ce neuropsychiatre, formé aussi à la psychanalyse et à l’éthologie, étudie depuis de nombreuses années les interactions précoces entre le bébé et son entourage, en insistant sur la qualité des liens d’attachement précoces.

En 2019, à la demande du ministère des Solidarités et de la Santé, il a été sollicité pour présider la Commission des 1 000 premiers jours où il a travaillé avec dix-huit experts pour présenter un état des savoirs en neurosciences, sciences cognitives, épigénétique, psychologie sur les facteurs de risque et de protection qui influencent le développement de l’enfant (« Les 1 000 premiers jours, là où tout commence », Boris Cyrulnik [coord.], ministère des Solidarités et de la Santé, septembre 2020). « Les stress périnataux, prénataux, néonataux et très précoces (…) ont des effets sur la construction de l’architecture cérébrale (...) avec des impacts significatifs à long terme sur le développement, le comportement, la cognition, les capacités relationnelles et affectives », peut-on y lire.

Comment s’étonner alors que cet enfant juif, séparé de ses parents déportés lorsqu’il avait 5 ans, ait été aussi un des promoteurs de la notion de « résilience », cette capacité à rebondir après un traumatisme ?

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Qu’est-ce qui vous a permis de vous évader du destin tragique de votre enfance ? Quels sont les modèles qui vous ont aidé à devenir qui vous êtes ?