Une génération sacrifiée ? Entretien avec Olivier Galland.

Sciences Humaines : Qu'est-ce qui différencie les jeunes d'aujourd'hui de ceux d'hier?

Olivier Galland : Sur le plan des moeurs, peu de choses séparent finalement les jeunes des 30-55 ans. Ceux qui ont initié la révolution des moeurs dans les années 60 ont transmis leurs valeurs à leurs enfants, voire petits-enfants. De ce point de vue, on peut parler d'une grande classe d'âge homogène. L'identité générationnelle des jeunes d'aujourd'hui est donc moins forte qu'elle ne l'était dans les années 60. Leurs parents ont construit leur identité en s'opposant aux adultes. Ce conflit de générations avait permis une prise de conscience collective. Or, aujourd'hui, les générations ne s'affrontent plus guère. Même si les jeunes manifestent une plus grande défiance à l'égard des institutions traditionnelles, je ne crois pas qu'il y ait un aussi fort désenchantement qu'on le dit. Je suis plutôt frappé par leur capacité d'initiative. Dans le même temps, l'accès au diplôme est devenu un enjeu concurrentiel extrêmement vif entre les jeunes eux-mêmes. Ceux qui arrivent à décrocher un diplôme croient à leur chance de réussite, même si une proportion non négligeable de diplômés fait l'expérience du chômage. En revanche, ceux qui échouent vivent des sentiments de révolte ou d'abandon.