La nation américaine est censée être fondée sur le pluralisme communautaire, opposée de ce fait à l’instauration d’un État assimilationniste. Pour cette raison, l’historien juif américain Salo Baron estimait, dans les années 1950, que seule la démocratie américaine pouvait rendre les Juifs libres et heureux. Alors qu’en Europe, du Moyen Âge au nazisme, l’histoire avait généré une « vallée de larmes » pour le peuple juif, à l’image du pogrome russe de Kichinev (1903), resté gravé dans la mémoire. Cette vision optimiste de la société américaine, présente dans les œuvres de Tocqueville, est contredite dans l’essai de Pierre Birnbaum. Jusqu’aux années 1930, les Juifs américains ont subi peu de violences. Situés du côté « blanc » de la barrière raciale, ils réussissent parfois à atteindre des positions élevées, même si dans le Sud certains clubs leur sont interdits et si des quotas limitent leur accès à l’université.