Une histoire longue de la géopolitique française

Qui vote pour qui et pourquoi, en France depuis 1789 ? La question est simple, les réponses complexes. C’est à un impressionnant travail de compilation d’archives qu’on doit cette somme reprenant les scrutins législatifs, présidentiels, ainsi que les référendums depuis la Révolution au sein des 36 000 communes françaises. À cela s’ajoute le croisement de plusieurs critères : le niveau de revenu, le patrimoine, le diplôme, ainsi que la position territoriale. Ce sont donc des classes sociospatiales qui se trouvent ainsi délimitées afin de rendre compte des évolutions politiques.

Plusieurs tendances marquent l’histoire politique du pays. Tout d’abord une césure entre la ville et les campagnes, ces dernières votant traditionnellement à droite. Avec cependant des périodes, notamment celle des années 1970-1980, durant lesquelles droite et gauche font quasiment jeu égal. Ce fut le cas après la Révolution et la vente des biens du clergé qui ne bénéficia qu’aux plus fortunés, alors que les paysans attendaient une réelle redistribution du patrimoine foncier. On retrouve aujourd’hui cette césure entre villes et campagnes alimentée par le sentiment d’un abandon des territoires : absence de services publics, mauvaises dessertes ferroviaires, manque d’investissements… Les votants se tournent alors vers des formations politiques contestataires, FN puis RN pour les campagnes délaissées, LFI pour les pauvres des villes.