C’est une histoire lacunaire, ignorée : celle des persécutions que l’administration française a fait subir aux « nomades » pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Nomade » est une catégorie administrative créée en 1912 qui englobe des collectifs romani (Manouches, Sintis, Gitans, Roms…) et voyageurs (Yéniches, forains…), en leur imposant l’usage du carnet anthropométrique. La dénomination « gens du voyage » ne l’a remplacée qu’en 1969. Longtemps, une thèse a dominé : les Tsiganes d’Europe ont bien été victimes d’un génocide, mais la France n’y aurait pas pris part. Une thèse que l’anthropologue Lise Foisneau s’applique à déconstruire, croisant archives départementales et récits des derniers témoins.