Voici un livre très direct qui, sans avertissement, nous plonge dans le vif du sujet : l’usage du lit dans la société médiévale. À vrai dire, c’est aussi bien : une dissertation bourrée de notes aurait découragé le lecteur vagabond. Chiara Frugoni nous invite dès l’entame à la contemplation d’illustrations d’époque que complètent des extraits de récits, dont le Décaméron de Boccace ou Le Roman de la Rose. Le lit, qui protège du froid de la nuit, mais où on se glisse volontiers tout nu, accueille les couples, mais aussi à l’occasion des voyageurs imposés par l’aubergiste, à concurrence de huit par couche. Au Moyen Âge, le lit n’est pas monoplace, et en l’absence de chauffage central, on s’y retrouve pour se tenir au chaud. Il est placé dans la pièce la plus confortable de la maison, avec un âtre entretenu en permanence, et l’endroit sert aussi de salle de séjour, avec des bancs et une bibliothèque. Charles VI, par exemple, recevait ses conseillers assis sur son lit. Bien sûr, le lit aux oreillers parfumés (l’autrice rappelle à quel point les odeurs des temps médiévaux pouvaient être fortes) est aussi l’antre du plaisir, pas toujours légitime.