1563\. Le concile de Trente impulse la Contre-Réforme

Mise en cause par la Réforme, l’Église catholique réagit. Les décisions prises lors du concile de Trente constituent une réponse au protestantisme et mettent en œuvre une réforme interne au catholicisme.
L’année 1563 voit s’achever le concile de Trente. Le 19e concile œcuménique reconnu par l’Église catholique s’était ouvert en 1545, après une longue attente. Sa réunion avait tardé en raison des luttes politiques opposant François Ier et Charles Quint, et des réticences pontificales devant une instance dangereuse pour l’autorité du chef de l’Église. Pourtant, les nouvelles religieuses étaient extrêmement préoccupantes pour la papauté et imposaient de réagir. Depuis l’affichage des 95 thèses de Martin Luther en 1517, la sécession protestante accomplissait des progrès rapides en Europe centrale et en Europe du Nord.

 

Les enjeux d’un concile

La réponse catholique à ce défi protestant prend corps dans la petite ville de Trente, elle-même symbolique des difficultés à réunir un concile œcuménique. Le pape penchait pour Rome, plus facile à surveiller pour lui, et l’empereur germanique pour une ville allemande. Le choix de Trente, localité des Alpes italiennes mais ville d’Empire, relève d’un compromis. Les pères conciliaires qui s’y réunissent n’en accomplissent pas moins une œuvre forte dont la signification a fait couler beaucoup d’encre : Trente est-il un concile de simple opposition au protestantisme ? Ou un concile de réforme catholique dépassant l’enjeu protestant et s’insérant dans une dynamique interne de rénovation ? La réponse donnée à cette double question n’est pas sans enjeu : il s’agit d’estimer à sa juste valeur le renouveau catholique du XVIe siècle. Dans un cas, l’Église catholique ne mène qu’une « Contre-Réforme », dans l’autre, c’est une véritable « Réforme catholique » qui reçoit son impulsion à Trente.

Peu originale par rapport au legs antérieur, l’œuvre doctrinale du concile est assurément une réplique aux thèses protestantes. Si les protestants soutiennent que l’Écriture est l’unique autorité, les pères affirment qu’elle doit être éclairée par les traditions dont l’Église est dépositaire. Sur le sujet le plus disputé du XVIe siècle, à savoir la justification (l’acte par lequel Dieu transforme le pécheur en juste), la plupart des canons conciliaires condamnent les positions protestantes, notamment celle niant la coopération de l’homme à son salut par ses bonnes œuvre. S’agissant des sacrements, leur liste est maintenue à sept, tandis que Martin Luther n’en retenait que deux (le baptême et la Cène). Est également réaffirmée la doctrine contestée de la transsubstantiation selon laquelle le prêtre change le pain et le vin en corps et en sang du Christ pendant la messe. Quant aux indulgences, au purgatoire et au culte des saints, fortement critiqués par les protestants, ils sortent validés de la dernière session, mais la perception d’argent pour la prédication des indulgences est prohibée, de même que d’autres abus patents.