« Sana a aidé très gentiment ses camarades », « Noa est un coach altruiste et motivant en foot », « Chloé et Maëva se sont bien battues avec les droites graduées et ont compris ! » : sur la porte de l’école alternative Etinç’ailes, située en périphérie de Lyon, le « tableau des mérites » recense les petites et grandes victoires du moment. Pour Chloé Coffy, directrice et fondatrice, cela n’a rien d’un détail : « Les enfants doivent réaliser que la seule chose qui compte est leur propre progression ; ni le niveau de leurs copains, ni le temps qu’il leur faudra pour acquérir une notion. » C’est cette même conviction qui, huit ans auparavant, a poussé l’enseignante à quitter le privé sous contrat pour créer sa propre école : « Je ne supportais plus de voir des enfants dits “atypiques” dépérir au seul motif qu’ils ne correspondaient pas aux attentes de l’institution scolaire. »
Aujourd’hui, Etinç’ailes accueille 35 élèves, de la grande section à la troisième, répartis en trois classes. 70 % d’entre eux relèvent de la neuroatypie : certains ont un trouble dys – dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie –, d’autres, un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou un trouble du spectre autistique (TSA), d’autres encore sont diagnostiqués comme « haut potentiel intellectuel » (HPI), voire cumulent plusieurs de ces étiquettes. Une diversité peu commune, qui n’effraie pourtant pas les enseignants de cette école, comme en témoigne Salah Korichi, responsable des matières littéraires : « Pour moi, tous les enfants ont des besoins spécifiques : il n’y a pas deux enfants dys identiques, de même qu’il n’y a pas deux enfants neurotypiques identiques. » Pas question donc de s’arrêter aux diagnostics médicaux, explique Sophie Berne, qui enseigne les matières scientifiques : « On tient compte des indications données par les professionnels de santé qui ont évalué l’enfant et on écoute aussi les parents, mais le plus important est de s’adapter aux difficultés qu’il rencontre en classe, et qui ne sont pas uniquement de nature scolaire : est-il heureux de venir à l’école ? Arrive-t-il à s’exprimer devant les autres ? À se faire des amis ? »