Plusieurs textes viennent de paraître qui, chacun à sa manière, porte un regard aigu sur la guerre, les armes et ceux qui les utilisent.
Initialement paru sous le titre Maintenant tu es mort, le livre de Sven Linqvist, pacifiste convaincu, retrace l’histoire du bombardement aérien depuis la première bombinette lancée en 1911 par les Italiens sur le sol libyen jusqu’à Hiroshima. L’histoire est à la fois technique et morale, les deux plans se rejoignant finalement dans la poursuite d’un idéal douteux : la superarme qui mettrait fin à toute guerre. La question de définir les objectifs que l’on pouvait légitimement bombarder a été rapidement soulevée. Elle a été résolue dans un premier temps par la distinction entre sauvages et civilisés : les Chinois et les Éthiopiens en ont fait les frais, évidemment pas les Anglais et les Italiens. Quant à la distinction entre objectifs militaires et civils, récemment encore, elle donnait lieu à de savantes contorsions. Mais on doit admettre que globalement le XXe siècle a été celui au cours duquel le partage entre civils et militaires a été largement aboli, au nom de la « guerre totale ». Les bombardements alliés de la Seconde Guerre mondiale ne visaient aucun objectif militaire ni industriel, mais les centres-ville de Dresde, Berlin, Nuremberg et Leipzig, détruits méthodiquement. De la même façon, à Hiroshima, c’était la base militaire qui était officiellement visée, mais la bombe est tombée sur la ville…