À quoi sert la méditation ?

Pratique millénaire, la méditation est aujourd’hui en vogue. Elle serait utile pour gérer le tumulte du quotidien, dans sa vie privée comme au travail, ou pour accompagner une thérapie. Quels sont ses bienfaits ? Dans quels cas peut-on la pratiquer ? Peut-elle vraiment améliorer notre bien-être personnel ?

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D'où vient-elle ?

La méditation apparaît il y a 2 500 ans avec le Bouddha, premier à décrire des pratiques menant à l’éveil et à un état de paix intérieure qu’il nomme le nirvana. Du latin mederi (littéralement « prendre soin »), la méditation a la même racine que le terme « médecin ». C’est une attitude particulière d’attention et d’ouverture au monde. Deux étapes clés servent de guide : shamatha (tranquillité d’esprit) qui consiste à mettre son esprit au repos en se concentrant sur un point précis, comme la flamme d’une bougie, l’écoute de sa respiration… ; et vipashyana (vision profonde) qui désigne le fait d’accueillir tout ce qui vient de l’extérieur ou de l’intérieur avec bienveillance et sans jugement. Dans la tradition bouddhique, l’association de ces deux attitudes permet à la personne d’apaiser l’agitation de son esprit pour avoir une vision plus claire de ce qui lui arrive.

Au fil de l’histoire, différentes pratiques se sont développées. Parmi elles, le theravada des moines de la forêt du Nord de la Thaïlande. Ceux-ci portent une attention particulière aux détails. Ils distinguent par exemple 21 sensations corporelles uniques pour chaque cycle d’inspiration/expiration. En Chine, c’est le tchan qui se développe à partir du 5e siècle. Il prône une transmission de la méditation non pas par les textes, mais à travers l’expérience personnelle. Selon le tchan, la méditation ne peut être enseignée, elle doit être éprouvée. Mais elle est accessible à tout le monde, alors que dans la tradition indienne le méditant est souvent associé à un « surhomme » aux pouvoirs divins. Enfin, au Japon, la pratique du zen s’inscrit dans cette même lignée d’une méditation simple, mais sous des formes davantage austères et strictes. Le zen insiste sur une position assise bien définie pour pratiquer (position du lotus ou à genoux). Quant à la tradition tibétaine, le méditant n’est pas censé chercher un état de paix intérieure à tout prix, mais simplement une forme d’ouverture, qui lui permet d’observer ses sensations agréables ou désagréables sans s’y fixer.

Au-delà du bouddhisme, la méditation a été pratiquée sous des formes diverses et variées par d’autres religions : l’hindouisme avec le yoga, le judaïsme avec les traditions kabbales (Moyen Âge) et le hassidisme (18e siècle en Europe de l’Est), l’islam soufi avec le dhikr (la récitation d’une prière répétitive) ou encore dans le christianisme. Que ce soient les ermites dès le 4e siècle ou plus récemment des pratiques monastiques, les chrétiens ont aussi leurs adeptes de la méditation. Par exemple, le moine bénédictin John Main fonda en 1978 le Dialogue interreligieux monastique, un organisme qui promeut des échanges entre moines bénédictins et bouddhistes zen du Japon. Mais dans les plus hautes sphères, les avis divergent. Les papes Benoît XVI et Jean-Paul II voyaient dans la méditation davantage un risque de se couper du monde et de Dieu, plutôt qu’un moyen de rencontre.

Depuis quelques années, la pratique de la méditation s’est fortement démocratisée et laïcisée avec la « méditation de pleine conscience ». Aussi, elle a vu ses missions s’élargir bien au-delà de la simple ouverture au monde. Aujourd’hui, la méditation est la nouvelle tendance pour lutter contre le stress, contre l’anxiété, la dépression ou encore les douleurs chroniques. On assiste à un véritable boom. Tout le monde s’y met : hôpitaux, entreprises, écoles, armée, et même la prison.

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Quelques idées reçues

  • « Méditer, c’est arrêter de penser »
    Pas vraiment. Il s’agit plutôt de prendre de la distance vis-à-vis de ses pensées, ne plus se laisser embarquer dans un flux de pensées ininterrompues, de sortir de leur emprise. Mais pas de faire le vide. Au contraire, l’objet de la méditation est de se recentrer sur soi, pour mieux percevoir ce qui se passe.
  • « C’est une pratique pour des gens calmes »
    Pas exclusivement. Tout le monde peut prendre goût à la méditation, y compris des enfants ou adultes hyperactifs.
  • « La méditation, c’est comme la relaxation ou la sophrologie »
    Contrairement à la relaxation ou la sophrologie, la méditation ne vise pas explicitement un état de bien-être. Le but n’est pas de se « détendre », mais d’observer ce qui se passe en soi. L’accent est mis sur les sensations corporelles et non sur le mental. Or, en sophrologie, le mental est sollicité pour rechercher des émotions positives par exemple.
  • « C’est une pratique sectaire »
    La méditation de pleine conscience est une pratique laïque dépourvue de toute connotation spirituelle. Mais le nombre d’organismes qui proposent des formations est en forte expansion et il faut se méfier des dérives sectaires.
  • « C’est ennuyeux »
    À première vue, s’asseoir et ne rien faire pendant un laps de temps peut paraître ennuyeux. Mais on peut très bien méditer sans voir passer le temps, car l’esprit continue à fonctionner. Il est seulement recentré sur le présent. Or, s’ennuyer, c’est souvent penser au passé avec nostalgie ou anticiper le futur avec inquiétude.