En 2011, une première enquête publiée par la jeune sociologue Marie Bergström montrait que 62 % des sites de rencontres français se présentent comme des entremetteurs « sérieux » (à la différence des sites dits coquins, libertins, échangistes ou gays). Or, ces sites majoritairement hétérosexuels sont aussi ceux qui rassemblent le plus grand nombre d’abonnés, censés donc être à la recherche de l’âme sœur. Avec quel succès ? Récemment, l’enquête Epic (Ined/Insee) révélait que, sur 7 825 personnes interrogées, plus de 1 000 (14 %) déclaraient s’être inscrites au moins une fois sur un site de rencontre, avec un pic (29 %) chez les jeunes de 26 à 30 ans. C’est – paraît-il – une belle réussite par rapport à d’autres pays. Pour quels types de rencontres ? C’est là que les choses dérapent : très peu d’unions durables résultent de ces palpations numériques. Moins de 9 % des mises en couple intervenues entre 2005 et 2013 ont débuté sur un site, même « sérieux ». C’est moins efficace que le lieu de travail et les réunions entre amis. Sur l’ensemble du panel, seulement 2 % des conjoints se sont trouvés en ligne. « Les sites donnent plus souvent lieu à des relations éphémères qu’à des couples stables », écrit l’auteure. Un avis partagé par 70 % des utilisateurs, qui semblent saisis par un effet de « supermarché ». Mais pas tous : les usages les plus sérieux se trouvent du côté des homosexuels(le)s. Entre 2005 et 2013, un couple lesbien ou gay sur trois s’est formé en caressant la souris.
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Le sexe en 69 questions
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