Montaigne
L’éloge de la luxure
Velu comme un singe et chauve comme un œuf, large et court sur pattes et plutôt petitement membré, Montaigne (1533-1592) n’avait pas le physique d’un Apollon. C’est ainsi qu’il se décrit sans complaisance dans le troisième livre des Essais. Mais il y confesse aussi son tempérament fougueux, son exceptionnelle carrière de séducteur et sa liste impressionnante de conquêtes lorsqu’il est jeune magistrat à Bordeaux : « Jamais homme n’eut ses approches plus impertinemment génitales », déclare-t-il, jusqu’à ce qu’à la cinquantaine, sa maladie de la gravelle (calculs rénaux) tiédisse ses ardeurs…
« Il faut jouir et jouir tant et plus de la vie », dira cet humaniste hédoniste qui donne force détails sur ses ébats et les qualités de ses maîtresses.
En bon disciple d’Épicure et de Lucrèce, Montaigne se méfie de l’amour : « Toute jouissance est bonne qui n’entame pas la liberté, l’indépendance, l’autonomie. »
Les maîtresses en ville, l’épouse au château, telle est la devise du séducteur qui ne s’occupera guère de sa femme, ni des six filles qu’elle a engendrées dont seule une a survécu (Montaigne n’en parlera jamais).
La seule véritable liaison sentimentale de Montaigne fut son profond amour pour Étienne de La Boétie, qui le laisse dévasté lorsque son ami meurt à 32 ans de dysenterie.
Emmanuel Kant, l’universitaire dandy
Pas de femme au logis, pas de maîtresses, pas de liaisons ancillaires ou homosexuelles connues… La vie sexuelle du penseur de Königsberg (1724-1804) est le trou noir de la philosophie.