Apprivoiser le stress

Qu’il se présente sous la forme d’un grand saut dans l’inconnu, ou sous la forme de petites agressions quotidiennes, le stress, omniprésent dans notre vie, est l’une des grandes maladies de notre temps. Des spécialistes ont mis au point des démarches qui, faute de l’éliminer, permettent au moins de l’apprivoiser.

Xavier Maniguet est un homme d’action, Un vrai. Ce médecin militaire, spécialiste des conditions extrêmes, est un baroudeur : pilote, parachutiste, plongeur. Son livre consacré au stress débute par une expérience pour le moins effrayante lors de son deuxième saut en parachute (1).

Largué de l’avion à 750 mètres au-dessus du sol, le jeune homme (il avait alors 24 ans) s’est d’abord retrouvé subitement sur le dos, tête tournée vers le ciel, une position de chute inhabituelle. Pas de panique : l’ouverture de son parachute allait sans doute le redresser. Mais malgré plusieurs tentatives, le parachute ne s’est pas ouvert. En pareille situation, il reste toujours le parachute ventral de secours. Mais voilà que ce dernier connaît lui aussi une avarie : il fait « la torche », c’est-à-dire s’enroule autour de lui-même. X. Maniguet sent alors la mort arriver à toute vitesse. Malgré la peur, il est étrangement lucide et tente plusieurs moyens de débloquer les sangles. Il y parviendra in extremis. Alors qu’il est à 50 mètres au-dessus du toit d’une maison, hérissé d’antennes et de cheminée, l’air s’engouffre enfin dans la toile. Après un ralentissement brutal et un atterrissage violent dans la cour d’une ferme, le jeune homme réussit à s’en sortir indemne.

 

S’attaquer aux causes : fuir ou changer les choses

Dans son livre Bien vivre avec son stress, X. Maniguet distingue deux types de stress. D’abord le stress court et intense lié à des situations extrêmes (comme lors de ce mémorable saut en parachute). Dans ce cas extrême, l’organisme peut réagir par une panique envahissante, mais parfois au contraire par une étrange réaction d’hyperadaptation. Le cerveau rentre dans une sorte d’état second, comme si quelqu’un d’autre prenait les commandes. Durant la chute, X. Maniguet se souvient de sa lucidité (il se voyait tomber et analysait la situation avec beaucoup de calme, comme s’il était un observateur extérieur), il s’est surpris à exécuter les bons gestes à une vitesse fulgurante. De même, il ne ressentait aucune douleur malgré les écorchures faites à ses mains en tirant sur les sangles.

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Ce stress des situations extrêmes serait, selon notre médecin baroudeur, à distinguer d’un stress plus ordinaire et courant : celui de la « vie moderne ». Le stress de l’homme contemporain a peu à voir avec celui du guerrier au combat ou du parachutiste en chute libre. C’est un stress quotidien lié à nos modes de vie : il est moins intense mais plus courant et n’appelle pas de riposte immédiate. Il prend la forme de nombreuses petites agressions quotidiennes : une dispute dans un couple, une surcharge de travail, un train en retard, un accrochage en voiture, etc. Et la particularité de ces petites agressions est que l’on ne peut souvent pas y réagir par la fuite ou la contre-attaque. Que faire dans un embouteillage ? Que faire contre l’actualité internationale morbide ? Contre la panne de l’ordinateur qui arrive au pire moment ? Souvent, nous ne disposons pas des moyens immédiats pour réagir et trouver une solution.