Après la crise

Après la crise. Alain Touraine, Seuil, 2010, 194 p., 18€

La grande crise économique de 2007-2009 – la plus importante par son ampleur et par ses effets depuis 1929 – a déjà fait l’objet de nombreuses interprétations de la part des économistes. Le sociologue a-t-il son mot à dire à ce sujet ? Oui, affirme Alain Touraine, qui souligne l’urgence d’analyses générales destinées à orienter notre destin commun.

Pour ce faire, il faut d’abord comprendre que, par-delà la crise économique, c’est un monde ancien qui s’effrite. Nous sommes parvenus aujourd’hui à un stade d’affaiblissement des institutions, des catégories sociales, des hiérarchies…, caractéristiques de la vieille société industrielle. Les cadres, par exemple, se défient de plus en plus des entreprises qui les emploient. L’État agit moins maintenant comme un arbitre entre groupes d’intérêt que comme un régulateur qui défend son économie dans un cadre de globalisation financière. Après avoir brossé le tableau des principaux événements de la crise, et s’être étonné du silence des sociologues à ce sujet, A. Touraine conforte le diagnostic qu’il émet depuis de nombreuses années déjà : la société n’existe plus. Le divorce entre les acteurs et le système est plus que jamais consommé.