Arendt Hannah

Disséquer le totalitarisme

Philosophe allemande, Hannah Arendt (1906-1975) fut l'étudiante de Martin Heidegger (ils deviendront amants) et de Karl Jasper (ils deviendront amis). Juive, elle doit fuir l'Allemagne au début des années 30 pour rejoindre la France, puis les Etats-Unis où elle mènera toute sa carrière universitaire.

Son oeuvre se construit autour d'une entreprise très originale : penser l'histoire (du xxe siècle) non en historienne, mais en philosophe.

Dans Les Origines du totalitarisme (1951), elle analyse les fondements des totalitarismes nazi et communiste. Le totalitarisme se distingue radicalement des anciennes formes traditionnelles d'oppression (despotisme, dictature) car il repose sur une idéologie (la « logique d'un idée ») marquée par la volonté de domination totale sur la société et celle de conquête à l'extérieur.

L'idéologie totalitaire s'est construite sur un terrain précis : le nihilisme ambiant du début du siècle, l'antisémitisme et l'individualisme croissant. Un autre trait de l'idéologie totalitaire est l'invocation des « lois scientifiques » (la supériorité de la race, les lois de l'histoire) pour justifier son action.

publicité

Dans La Condition de l'homme moderne (1958), H. Arendt se propose de cerner la condition de l'homme comme « être agissant ». Elle distingue trois formes principales d'action : le travail (labor), l'oeuvre qui est une activité créative (comme dans l'art, l'artisanat, l'écriture) et l'action, troisième forme d'activité spécifiquement humaine qui concerne l'univers politique. H. Arendt s'inquiète que dans le monde moderne le travail ait pris une importance essentielle : le cycle production-consommation prend le pas sur l'oeuvre (la création) et l'action politique.