Au pays de Kim Jong-il

Vies ordinaires en Corée du Nord
, Barbara Demick, Albin Michel, 2010, 
326 p., 23 €.

Elle s’appelle Mi-Ran, a grandi et vécu en Corée du Nord. Elle est façonnée par les comptines apprises lorsqu’elle était enfant : « Même si un océan de feu se dirige vers nous, de tendres enfants ne craignent rien ; car notre père est là. Nous n’avons rien à envier au reste du monde. » Dès la classe élémentaire, on lui a inculqué la peur et la haine du monde extérieur. Comme les générations d’écoliers qui l’ont précédée, elle s’est entraînée au calcul avec les mêmes problèmes mathématiques : « Trois soldats de l’armée populaire de Corée tuent trente soldats américains. Combien de soldats américains ont-ils été tués par chacun d’eux, s’ils en ont tués un nombre égal ? » Malgré cela, et en dépit de son amour sincère pour le père de la patrie Kim Il-sung, elle a décidé de fuir. Institutrice de maternelle, convaincue que seule « une éducation politico-éducative correcte permet aux élèves de se forger une conception révolutionnaire du monde », Mi-ran a vu, petit à petit, sa foi se lézarder.