Chacun ses croyances religieuses !

De plus en plus individualisées et émancipées des institutions qui les encadrent, les croyances religieuses gardent de leur vitalité.

Appartenir à une religion, partager peu ou prou ses croyances et la pratiquer devient de plus en plus un phénomène qui, tout en concernant toujours des millions de personnes, s’est fortement diversifié et individualisé. La religion longtemps dominante en France, le catholicisme, est devenue minoritaire : selon les données EVS 1, en 2008, 42 % des Français s’y identifiaient alors qu’ils étaient 70 % à le faire en 1981. La France se caractérise aujourd’hui par une pluralisation accentuée du paysage religieux avec la présence d’une minorité musulmane (5 %) et de diverses autres minorités religieuses : les christianismes orientaux, protestants, orthodoxes ; le judaïsme ; le bouddhisme, les Témoins de Jéhovah, etc. Ces minorités croyantes vivent leur tradition dans une société où la norme ambiante est plutôt la non-religion que la religion. Le fait de s’identifier à une religion, encore plus de la pratiquer, est devenu un non-conformisme social (alors qu’il y a quelques décennies, le non-conformisme était au contraire le fait de ne pas avoir de religion).

Les Français se partagent aujourd’hui en 50 % qui déclarent une religion et 50 % qui se définissent soit « sans appartenance déclarée » (33 %), soit « athée convaincu » (17 %) 2. Les 33 % qui se déclarent « sans appartenance déclarée » affichent, si l’on peut dire, un individualisme absolu : ils refusent de se définir en rapport à tel ou tel système de croyances, fût-ce l’athéisme. Alors qu’auparavant ces « sans-religion » étaient nombreux à avoir été socialisés religieusement (on peut les appeler les « sans-religion d’origine religieuse »), aujourd’hui, on a de plus en plus des personnes religieusement vierges, c’est-à-dire n’ayant eu aucune socialisation religieuse. Même si certains finissent par s’identifier ou même se convertir à un système religieux donné, beaucoup restent difficilement assignables à résidence ecclésiastique : ce sont des sans domicile fixe de la croyance. À côté d’eux, d’autres au contraire vivent des engagements religieux forts dans telle ou telle tradition et constituent des minorités croyantes actives. Quelques-uns revendiquent une spiritualité laïque, hors religion donc. On observe aussi un réveil de l’athéisme militant.