De tout temps, les prénoms ont été un objet de transmission. De la grand-mère à la petite-fille, du parrain au filleul, le porteur d’un prénom n’était qu’un maillon dans une chaîne de Jean, de Jacques ou de Marie… Même si aujourd’hui l’on assiste à une floraison de créations en matière de prénoms, ceux-ci sont toujours le résultat d’un legs des parents. Les deuxièmes et troisièmes prénoms, eux, restent souvent ceux d’autrefois, puisés dans le stock des ascendants. C’est ainsi que l’on trouve des « Léa, Suzanne, Albertine » ou des « Kévin, André, Robert »… Mais les ratés dans la transmission ne sont pas des phénomènes si rares… Pourquoi certains parents veulent-ils changer le prénom de leur enfant ? Pourquoi les enfants eux-mêmes, devenus adultes, font aussi cette démarche ? Que se passe-t-il alors ?
En France, le prénom a une double nature : il est personnel mais représente aussi un élément d’identification par l’état civil. C’est pourquoi la modification du prénom inscrit sur l’acte de naissance doit passer par une décision de justice, qui implique l’exposé des motifs devant un juge ou un procureur et, souvent, le soutien d’un avocat. Ainsi, l’enfant Ahmet X., né en 2000, n’a pas été immédiatement reconnu par son père qui paraissait s’en désintéresser. Du coup, sa mère l’a rebaptisé Brice, changement reconnu par un jugement en 2001. Mais le père revient sur la scène, en arguant une méconnaissance des lois françaises et le désir que l’on garde pour l’enfant le prénom convenu par les deux parents avant la naissance, marque de la culture paternelle. La cour refusera la demande en raison de l’absence d’intérêt du père.