Choisir son toit

Il ne suffit pas de garantir un toit pour tous, encore faut-il pouvoir se sentir « chez soi ». Le droit d’habiter, c’est-à-dire de pouvoir choisir son propre logement, fait partie des revendications montantes.

Fred dans une cabane au bois de Vincennes, Noah dans une tente à Paris, Valérie dans un mobil-home d’un camping résidentiel… Derrière ces différentes situations, le même constat : face à la « flambée » des prix de l’immobilier, il est de plus en plus difficile de se loger pour les classes populaires et pour une partie des classes moyennes. Le spectre de la privation de logement ne cesse de grandir, et en grandissant, il prend un visage toujours plus hétérogène, brouillant les frontières entre le logement personnel et la « rue ». Selon la fondation Abbé-Pierre, en 2016, près de 900 000 personnes seraient privées de domicile personnel et contraintes de vivre dans des habitats précaires (squats, hôtels meublés, logements de tiers, bidonvilles ou encore campings résidentiels). Observé depuis plusieurs décennies, ce phénomène n’a cessé de s’accroître, ce qui rend l’absence de réponse politique particulièrement préoccupante.

L’assurance d’avoir un logement

La reconstitution des trajectoires de tous ceux et celles qui, dans des contextes divers, ont perdu leur logement laisse en effet entrevoir les effets dévastateurs des revirements politiques en matière d’habitat. Malgré une augmentation de leur montant, les aides personnalisées au logement (APL) sont loin d’être suffisantes. Elles ne permettent pas à la demande qui s’est précarisée – dans le contexte que l’on sait marqué par le chômage de masse et par la fragilisation de l’emploi – de se réajuster avec l’offre de logements dont les prix ont connu une hausse sans précédent depuis les années 2000. Les enquêtés rencontrés sur divers terrains se montrent également très critiques, et cela rejoint les résultats d’autres enquêtes, envers la multiplication des dispositifs dérogatoires – hébergement d’urgence, centre d’hébergement et de réadaptation sociale, logement d’insertion, etc. – et la délégation des missions de service public à des associations qui sont souvent impuissantes à leur faire retrouver un logement.