• L’espagnole s’essaie à « l’éducation lente »
À première vue, cette école située a à une trentaine de kilomètres au nord de Barcelone semble plutôt commune… Publique, elle n’a pas plus de moyens financiers que les autres écoles catalanes et applique le programme officiel. Elle le fait pourtant d’une manière bien différente, en suivant les principes de « l’éducation lente ». Inspirée du mouvement Slow Food (né en Italie en 1986), cette méthode a pour philosophie la lenteur, vue comme un temps « juste », c’est-à-dire « le temps qu’il faut » pour apprendre : parfois lent, parfois rapide. Il s’agit de sortir de la dictature de la vitesse et des objectifs de résultats dans un temps donné, qui ne permettent pas d’écouter les besoins de l’élève. L’école Els Alocs considère en effet que chaque enfant a besoin d’un temps propre pour son apprentissage, car personne n’acquiert ses connaissances de la même manière ni à la même vitesse. De plus, chaque apprentissage a besoin d’un temps spécifique pour se développer. L’école, au fonctionnement encore rare, propose donc le temps et l’espace nécessaire pour apprendre à son rythme. Jean-Pierre Lepri, docteur en éducation et en sociologie, explique qu’en première partie de matinée, les élèves travaillent en groupe restreint – dans un « coin » de la pièce. Ils changent de coin le lendemain et en quatre jours, ils auront pratiqué toutes les activités (langues, mathématiques, sciences, graphisme). En seconde partie de matinée, deux classes sont réparties en trois ateliers, tels que la philosophie, les sciences et les arts plastiques. En trois jours, chaque élève aura pratiqué les trois ateliers. On observe une exigence de qualité, mais pas de réussite ! Les horaires sont d’ailleurs légèrement flexibles, à une dizaine de minutes près – pour les enfants comme pour les parents. Il n’y a pas de sonnerie, simplement une horloge dans la classe 1.
• Singapour : la méthode miracle ?
Mise au point par une équipe de professeurs mandatés par le ministère de l’Éducation singapourien, cette méthode d’enseignement des mathématiques est officiellement introduite dans le système scolaire national en 1992. Après plusieurs années de mise en place, elle porte ses fruits : les élèves singapouriens font partie des meilleurs matheux du monde ! Et pour cause. Elle permet un glissement progressif du concret à l’abstrait pour apprendre les mathématiques, d’une manière très fluide. Le principe, c’est donc de partir du concret, de ce qui est tangible : les élèves sont d’abord confrontés aux notions de mathématiques par la manipulation d’objets. Les objets sont ensuite remplacés par des images qui les représentent. Dans un troisième temps, lorsque les élèves se sont familiarisés avec les concepts de la leçon, ils ne travaillent plus qu’à l’aide de chiffres et de symboles : c’est l’étape abstraite. La méthode est si convaincante qu’elle est aujourd’hui adaptée dans de nombreux pays. On s’arrêtera cependant aux mathématiques… Frédéric Castaignède rappelle en effet que Singapour possède un système scolaire extrêmement compétitif, où les exigences sont si élevées qu’elles menacent la santé mentale des étudiants 2. Examens nombreux, longs devoirs et soutien scolaire quasi systématique augmentent dangereusement leur niveau de stress. À tel point qu’en 2016, un enfant de 11 ans s’est suicidé après avoir échoué à ses examens.