Cette plongée au cœur des fêtes données dans des clubs de New York ou sur des yachts à Saint-Tropez par de riches parvenus est, comme l’indique l’éditeur, « une expérience de lecture étourdissante ». Ashley Mears, ex-mannequin devenue sociologue, y décrit les mœurs de deux tribus gravitant autour de ces VIP : les party girls et les « promoteurs ». Les premières sont de jeunes femmes minces, grandes et souvent mannequins, chargées d’animer, par leur présence, les soirées de clients masculins surnommés « baleines » pour les plus gros flambeurs, et « laitues » pour le tout-venant. Les promoteurs sont (en majorité) des hommes jeunes et avenants, dont le gagne-pain consiste à repérer et recruter les premières, puis à les garder dans leur carnet d’adresses. Si vous pensez « prostitution », détrompez-vous : tous s’en défendent. Les filles ne reçoivent pas d’autre gratification que le libre accès à ces soirées luxueuses, et ce qu’elles font de leur corps ne regarde pas les promoteurs. Quant aux baleines, leur souci est d’épater la galerie en ayant à leur table le maximum de jolies créatures autorisées à asperger les murs de champagne et à danser sur les canapés. Or, le prix de la bouteille va, dans cette sorte de clubs, de 500 à 30 000 dollars : ostentation et gaspillage indécent sont les moteurs de la fête. En apparence, tout se veut cool : les promoteurs sont des « potes » pleins de sollicitude pour les girls. En réalité, la discipline règne : pas question de quitter les lieux avant l’aube ni de s’y présenter sans tenue adéquate et maquillage soigné. A. Mears souligne combien le sexisme et l’exploitation scopique du corps féminin sont au cœur de cesactivité. Les carrières des party girls sont brèves. Celles des promoteurs à peine plus assurées : les plus malins parviennent à utiliser leurs girls pour se hisser dans le monde des affaires. L’étourdissement du lecteur fait place à un certain écœurement à découvrir les fortunes englouties dans ces orgies de champagne et le mépris voué aux girls par les clients comme par les promoteurs.